Réélu président de l'Agglomération Pôle Azur Provence dans un "consensus absolu" - selon les mots de Nice Matin -, le maire de Grasse, M. Leleux, va donc avoir les mains libres pour poursuivre sa politique de transferts de compétences, de charges financières et de personnels vers l'Agglomération. Des transferts dont le conseil municipal de Grasse (et l'ensemble des élus communautaires) ne sont informés qu'en dernière minute.
Ainsi, les nouveaux élus communautaires ont-ils appris par la presse locale le transfert de la gestion (et d'une partie des coûts) des cellules commerciales de la Vieille Ville de Grasse à l'Agglomération Pôle Azur Provence.
On prend - à peu près - les mêmes et on recommence...
Pour que ça continue encore mieux, on élimine les représentants de l'opposition du conseil communautaire. Dès fois qu'ils mettent le doigt sur certaines "anomalies" et refusent le silence...
Un mécanisme qu'a dénoncé au conseil municipal du 3 avril Paul Euzière qui, au titre de l'opposition, a siégé pendant 15 ans au sein des organismes intercommunaux du Pays Grassois.
A suivre...
Tout d’abord, un rappel sur l’histoire de l’intercommunalité dans le pays grassois que vous me permettrez de faire puisque je suis le seul élu grassois, encore en fonction, à en avoir vécu et la genèse et le fonctionnement depuis 16 ans.
Lorsqu’en 1992 ont été posées les bases d’une intercommunalité de Moyen Pays par les sept communes qui allaient créer la Communauté des Communes du Moyen Pays Provençal, l’un de ses principaux initiateurs, le maire de Grasse – M. de Fontmichel – avait tenu à ce que des représentants de chaque groupe d’opposition soient, eux aussi, élus au Conseil de Communauté.
La loi ne l’y obligeait pas, mais, M. de Fontmichel estimait que dans une démocratie, il y a une majorité et une opposition et que si la majorité a la responsabilité de l’exécutif, l’opposition doit être présente dans les instances délibérantes parce qu’elle représente une part de l’électorat qui a une entière légitimité et doit, à ce titre, avoir une représentation.
Ainsi, dès la mise en place du Conseil des Communes du Moyen Pays Provençal, M. de Fontmichel fut-il l’un des premiers, dans notre département, à faire entrer dans les faits un principe démocratique élémentaire : la reconnaissance de la représentativité de l’opposition.
En 1995, M. Leleux fut élu maire.
Il ne remit pas en cause ce principe.
En 2001, M. Leleux fut réélu, il continua de considérer que l’opposition devait être associée à l’intercommunalité et accorda deux sièges : l’un au Groupe de la Gauche Unie, l’autre au groupe de M. Fourquet.
L’été 2001, fut constituée la Communauté d’Agglomération Pôle Azur Provence.
En 2008, le jeudi 14 février, lors de la table ronde organisée par Nice Matin, M. Leleux faisait des promesses qu’il allait réitérer le samedi 16 février sur FR3 :
« Je fais partie des maires – disait-il alors – qui ont admis, sans y être obligés, les représentants de l’opposition dans les structures extra municipales (…). L’ouverture, c’est pouvoir travailler avec des gens issus de listes différentes. Pour les municipales, l’ouverture est délicate. Elle peut s’envisager, à mon sens, après plus qu’avant. »
Effectivement, aujourd’hui, chacun peut constater ce qu’il en est.
Non seulement, il n’y a pas « ouverture », mais il y a fermeture.
Il y a fermeture et un recul de la représentation de l’opposition, sans précédent depuis un quart de siècle, depuis que la loi a instauré – à partir de 1983 – la représentation minorée de l’opposition.
Non seulement, les Grassois voient ce que valent vos promesses mais la représentation de l’opposition grassoise n’étant plus assurée à Pôle Azur Provence, vous ringardisez toute la Communauté d’Agglomération.
Vous allez à contre sens de l’évolution.
A contre sens, évidemment, de ce que peuvent faire depuis toujours en matière d’intercommunalité les élus communistes – qui ont généralement inscrit dans les chartes d’agglomération le principe même de la représentation proportionnelles des oppositions (cf. par exemple l’Agglomération Sud de Seine – Malakoff)-, mais à contre sens de ce que viennent de faire les élus de votre bord, maires de grandes villes et présidents d’agglomération.
M. Estrosi, maire de Nice et président de la CANCA, a attribué 5 sièges sur 31 à la seule opposition de gauche.
M. Nègre, maire de Cagnes-Sur-Mer, a attribué un siège à l’opposition de gauche.
M. Léonetti, maire d’Antibes, a attribué 2 sièges des élus antibois à la CASA pour représenter des listes d’opposition de droite et de gauche.
A Grasse, alors que vous avez été élu avec 8484 voix et que l’opposition totalise 8073 voix, vous excluez l’opposition de toute représentation à la Communauté d’Agglomération.
Vous représentez à peine un électeur sur deux et vous vous arrogez 100% de la représentation à la Communauté d’Agglomération.
C’est un signe fort de mépris pour la représentation de l’opposition que vous envoyez.
C’est un signe fort – et dont vous ne mesurez pas l’effet à long terme – que vous envoyez aussi aux communes du Pays Grassois qui auraient pu être tentées de rejoindre Pôle Azur Provence.
Quand on méprise de telle façon la représentation de son opposition, on n’est plus crédible en rien et l’on n’attire plus.
Au contraire, ces pratiques vous conduisent soit à une Communauté d’Agglomération rabougrie, soit à un élargissement chaotique dont vous perdrez, tôt ou tard, la maîtrise.
Bien évidemment, si vous éliminez la représentation de l’opposition au Conseil d’Agglomération, c’est que vous préférez nous tenir éloignés d’une instance où sont prises des décisions essentielles pour nos concitoyens.
Vous ne voulez pas que l’opposition sache ce que vous concoctez.
Vous ne voulez pas que l’on mette notre nez dans les dossiers.
Vous voulez traiter « entre vous ».
Evidemment, avec les transferts de compétences que vous avez opérés, avec la confusion permanente régnant dans de nombreux domaines entre la Ville et l’Agglomération, avec les embauches et les transferts de charges - en attendant l’endettement - vous brouillez les cartes en matière financière et vous ne voulez pas que l’opposition puisse en informer les Grassois.
Je sais, qu’au cours des sept dernières années, sur plusieurs dossiers importants, j’ai posé des questions dérangeantes et refusé d’avaliser des positions que vous proposiez et qui me paraissaient néfastes pour les habitants de notre agglomération.
C’est pour cette raison que, contrairement à MM Estrosi et Léonetti, vous excluez l’opposition du conseil communautaire.
Parce que nous n’avons pas « joué le jeu ».
Parce que nous ne nous sommes pas tus.
J’aurai l’occasion d’y revenir dans le détail.
En attendant, je prends acte de votre décision d’exclure l’opposition de sa représentation au Conseil d’Agglomération.
Elle témoigne à la fois d’une réelle hauteur de vue et d’une incontestable « ouverture ».
Je le prends donc comme un encouragement chaleureux à continuer à me faire entendre chaque fois que seront posées des décisions contraires à l’intérêt des Grassois et des habitants de notre agglomération.
Si ça se trouve les grassois sont majoritairement pour !! (en fait il semblerait que oui, alors pourquoi tout ce ramdam ???)