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 Bernadette Bétheuil-Ramin, 1ère Adjointe au Maire de Grasse:

"Une gestion fondée sur l'"à peu près" est dangereuse pour une ville".

Note : 3.2/5 (75 notes)

 


(Photo: Loïc Temporelli). Lors du Débat d'Orientation Budgétaire consacré à la préparation du budget primitif 2008 de la Ville de Grasse, plusieurs voix se sont élévées pour critiquer, exemples à l'appui, la gestion de M. Leleux.
Après les critiques apportées par le Président du Groupe de la Gauche Unie, M. Paul Euzière, de Mmes Joelle Faguer et Marcelle Monzéglio, ce fut au tour de Mme Bernadette Bétheuil-Ramin, 1ère Adjointe déléguée aux Finances et au Personnel communal, de dresser le réquisitoire d'une gestion dont elle désapprouve les méthodes et les choix.

M. Leleux a ensuite refusé de redonner la parole à la 1ère Adjointe, en dépit des attaques qui avaient été formuées contre elle par une dizaine d'élus de sa majorité.
Vendredi matin 16 novembre, M. Leleux privait Mme Bétheuil-Ramin de sa secrétaire et lui retirait toutes ses délégations.

Dans un souci de transparence et de démocratie, Grasse à Tous donne ici l'intégralité de la déclaration de Mme Bétheuil-Ramin.

 
"Le Débat d’Orientation Budgétaire doit permettre d’éclairer les élus pour le vote du Budget Primitif.
Tout d’abord, je voudrais faire remarquer qu’il n'a pas été abordé en réunion de majorité, mais seulement en réunion plénière. Les réunions de majorité devraient être prises au sérieux tout comme les réunions d'adjoints qui n'ont plus eu lieu depuis Juin 2004.
 
« UN PROFOND DESORDRE DANS LA GESTION » 
 
D’autre part, dans ce document, figurent de nombreux tableaux qui auraient beaucoup plus leur place dans la présentation d’un budget primitif.
Vous parlez beaucoup d’investissements, ce qui est nécessaire mais vous ne parlez jamais des contraintes budgétaires qu’ils entraînent. Il est facile d’évoquer des sommes importantes apportées par les subventions d’investissements. Mais, il est très difficile d’avoir une réponse quand sont demandées les dépenses de fonctionnement entraînées par ces investissements.
Enfin, cette orientation Budgétaire présente une liste de projets pour la ville de Grasse. Certains figuraient déjà sur la liste des précédents Débats d’Orientation Budgétaire.
Ce que l’on est en droit d’attendre d’une orientation budgétaire,
c’est une réponse aux besoins de la ville et de ses habitants. Ils ne demandent pas des listes à répétition, mais des projets présentés dans un ordre de priorités respecté tout au long de l’année.

De quoi souffre, aujourd'hui la ville de Grasse?                                                                                                     
- d’un désordre profond dans sa gestion;                                                                                                        
- de projets commencés dans la plus grande incertitude et de dossiers prioritaires qui ne sont en réalité que des urgences imposées par manque de prévision. Les vraies priorités ne sont pas clairement identifiées.                                                          
 
Voici des exemples:

LE MUSEE INTERNATIONAL DE LA PARFUMERIE                                                                                

Premier exemple: 
Le MIP (Musée International de la Parfumerie): L’idée de son transfert à la communauté d’agglomération est apparue tardivement. Pourquoi faut-il le transférer subitement, sans vrai débat avec les autres Maires? Tout simplement parce que les frais de fonctionnement du MIP n’ont jamais été déterminés dans le détail malgré plusieurs demandes depuis le début. Lorsqu’on s’est aperçu que les frais de personnel et de gestion matérielle seraient trop lourds pour la commune, le transfert a été décidé, sans y avoir réfléchi en temps voulu; nous sommes forcés par une crise financière.                                    
                                                                                                     
LA VIDEO-SURVEILLANCE 
 
Deuxième exemple:
La Vidéo-Surveillance
Ce dossier n’a pas été traité avec le sérieux nécessaire. Dès le début, le recrutement de la société conseil s’est fait (début octobre 2005) sans aucun respect des règles des marchés publics par l’élu délégué à la sécurité, ce qui a entraîné un retard de plusieurs mois dans le démarrage du projet ainsi que ma démission de ma fonction de Personne Responsable des Marchés de 0 à 90 000 euros.
Par la suite, devant la perspective du recrutement de 15 agents pour assurer le fonctionnement à temps plein de la vidéo-surveillance, vous avez voulu opter pour un fonctionnement de quelques heures par jours, la dépense non programmée étant trop importante.
Or il est normal que l’Etat apportant une aide financière à cet investissement, exige que ce matériel investi soit utilisé à temps plein. Il y avait une date butoir. Il s’imposait de la prendre au sérieux, de prévoir cette mise en œuvre et de supprimer des projets moins importants.
                                                                                                                                                                                                                                                                                                       
La volonté de M. le Préfet et de M. le Procureur de la République étant devenue un ordre de fonctionnement à temps plein, vous avez demandé en catastrophe, courant octobre, un recrutement en interne de 14 agents, sans aucune réflexion sur les problèmes que cela allait poser dans les services ainsi démunis de leurs agents.
Résultat: très peu de réponses positives en Mairie. Il faut donc recruter d’urgence 12 nouveaux agents et de 2 motards, ce qui n’était pas prévu. Alors que les recrutements ne sont pas encore effectués, la date de la formation de ces futurs nouveaux agents est déjà fixée et ils doivent être opérationnels le 15 décembre.
Tous les efforts consentis par la DRH et l’ensemble du personnel pour limiter la progression des frais de personnel se trouvent ainsi anéantis.
 
L’ANRU
 
Troisième exemple:                                                                                                                   
L’ANRU (Agence Nationale de Renouvellement Urbain)                                                                                    
La candidature de la ville de Grasse a été acceptée pour bénéficier de l’aide financière de l’Agence Nationale de Renouvellement Urbain pour le Centre, ce qui est une bonne chose. Mais il y a un problème:
Il y aura une aide financière de l’Etat et la ville devra rembourser 3 millions d’euros par an pendant cinq ans. Notre capacité d’emprunt ne nous permet pas d’ouvrir un nouvel emprunt, ce serait une imprudence et de plus l’étalement de la dette est à son maximum raisonnable.                                                                                                                                                                      
Conséquence: vous avez décidé de mettre un frein brutal aux investissements; des recettes, il est vrai, vont être apportées par les nouveaux immeubles construits récemment. Mais cet argent devrait être immédiatement investi dans des infrastructures qui auraient dû être prévues avant ces constructions. Par exemple des crèches réclamées dans l’angoisse par les parents, des squares à proximité des immeubles, les mamans ne disposant pas forcément d’une automobile etc…
                                                                                           
Et s’il y avait des travaux urgents, ce qui est toujours à prévoir à Grasse, quels sont les projets que vous avez prévu de reporter dans ce cas? Là encore, il y a de l’imprévoyance. Où est la réponse aux besoins réels de la population?
                   
LE LABEL « QUALIVILLE »
                                                                                                                                                                                                          
Quatrième exemple:
Le label « Qualiville »
La ville de Grasse souhaite obtenir le label "Qualiville" qui lui permet de se perfectionner dans la qualité de l’accueil aux personnes qui ont besoin des services à la population. C’était une réelle priorité.
Récemment lors de l’audit à blanc, le personnel a été félicité pour son implication dans ce projet et l’excellent travail réalisé.
Mais, là encore un problème a surgi, dû à la fluctuation des priorités. Pour l’aménagement du hall d’entrée de la Mairie Centrale, qui devait être réalisé cet été, les priorités de travaux ont changé et il n’est toujours pas réalisé ( c’est la même chose pour l’accès aux handicapés). Le personnel d'accueil n'a plus sa place, sinon dans le froid et les courants d'air.
                                                                                          
Résultats, ce personnel s’entoure depuis deux mois de radiateurs électriques inadaptés, consommant beaucoup d’énergie et inefficaces dans cette entrée immense. Quelle image donne la Ville! Où sont les économies d’énergie? Je rappelle que vous venez de créer un service chargé du développement durable, donc des économies d’énergie, avec une élue déléguée. Soyons cohérents. 
Cette situation ridicule et désobligeante pour le personnel donc pour les Grassois et pour les élus aurait pu être évitée sans ces priorités à géométrie variable.
             
LE SKATE PARC
 
Cinquième exemple:
Le Skate Parc
Il est vrai que c’est une réalisation attendue par les jeunes. Mais, nulle part ne figurent les frais de son fonctionnement. Il est absolument nécessaire qu’un agent du service jeunesse soit présent à temps plein et à horaires décalés sur ce site. Il ne faut pas oublier qu’il y aura des mineurs. Si on déplace un agent actuel du service jeunesse sans aucun dommage pour le fonctionnement de celui-ci, cela laisserait supposer que le travail qu’il y fait actuellement est inutile, ce qui n’est pas le cas. Ce recrutement nécessaire n’a pas été annoncé, ni prévu dans le plan pluriannuel de recrutement.
                                                                                                      
Cette liste est loin d’être complète, le parking de La Roque, revenu à la ville mi-juillet pourrait être longuement évoqué; mais cette liste peut-être suffisante pour montrer qu’une gestion fondée sur l’ « à peu près »  est dangereuse pour une ville. Elle crée de fausses situations d’urgence qui ne sont pas les vraies priorités des Grassois.
Cette Orientation Budgétaire répond-elle vraiment aux attentes des Grassois?
 
« INVERSER LA TENDANCE »
 
Vous dites que la croissance des dotations budgétaires versées par l’Etat va ralentir, mais est-ce le propre d’une équipe municipale de subir une situation nationale? Au contraire, la ville a besoin que l’on travaille à inverser la tendance, pour le bien de la population. Cela doit passer par des étapes, avec des choix de gestion raisonnée, en « bon père de famille », capable de prévoir et de gérer les besoins en service public, de la population.
Ainsi les priorités seront de vraies priorités.
  
En conséquence, c’est dans le même état d’esprit que pour le débat d’orientation budgétaire 2007, auquel j’avais refusé de participer, que je suis présente à celui de 2008, c’est à dire en toute franchise et en toute liberté d’esprit.
Dans le respect de votre fonction et de la ville de Grasse, permettez-moi, Monsieur le Maire, de vous dire que je n’approuve pas cette Orientation Budgétaire 2008."
 
                                                 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Commentaires

Il devient urgent d'éliminer l'incompétence de certains élus !

Bravo à Mme Bétheuil-Ramin pour sa franchise et son humanité !
Merci au site "Grasse à Tous", on y apprend énormément de choses qui font froid dans le dos.
M Leleux est même désaprouvé par son propre camp, c'est le comble.

Cela prouve que la gestion d'une ville se rapproche de la gestion d'une entreprise, que cela n'a rien a voir avec la couleur politique, mais cela dépend de ses représentants et surtout du maire ! Un maire se doit de veiller au bien de tous avant tout et pas à celui de ses amis uniquement, un maire digne de sa commune accepte les revendications, les critiques, un maire accepte de ne pas être parfait, c'est comme cela qu'on construit, c'est comme cela qu'on avance. Sinon, c'est la porte ouverte à l'indifférence, au mépris des différences, à l'orgueil, à l'égoïsme, à l'inhumanité.

Comment peut-on être heureux dans une ville où la gestion catastrophique accentue les inégalités à telle point que cela devient visible et choquant?
Comment être heureux, se respecter soi-même et demander le respect des autres lorsqu'on ne respecte même pas ses concitoyens ?
Moi je ne peux pas être fière d'être grassoise quand je vois le mépris que l'on porte aux gens qui n'ont pas la chance d'être des nantis. Et les enfants dans tout cela ?

J'ai honte.