Monsieur le Maire,
La canicule annoncée par Météo-France frappe notamment les personnes âgées et les enfants.
Dans les écoles maternelles et élémentaires de Grasse, les conditions de travail et de garde des enfants sont loin de permettre de faire face à la vague de chaleur.
C'est souvent une véritable fournaise en milieu de journée.
Dans plusieurs écoles, les enseignants et directeurs nous ont fait part de températures dépassant les 33 ° dès l'entrée en classe.
A la mi-journée, ces températures rendaient tout travail impossible.
Voici ce que nous écrit une maman du Plan dont l'enfant est scolarisée à l'école maternelle Henri Wallon du Plan:
"Bonjour
Pour information 20 malaises à l'école Dracea aujourd'hui...
L'inspecteur d'académie a fini par contacter l'infirmière de secteur...
Merci de vous battre pour nos enfants aussi qui n'ont plus ni rideaux ni stores fonctionnant... La maîtresse de ma fille a Henri Wallon maternelle amène sa propre clim., mais 30° quand même, ce matin avant 10h, dans la classe..."
Les élus Grasse à Tous-Ensemble et Autrement vous demandent donc de prendre toute mesure pour que la situation n'empire en dotant chaque classe d'au moins 1 ventilateur de grande capacité et en envoyant sans tarder les agents des ateliers municipaux réparer les stores et rideaux défectueux ou, en cas d'impossibilité, de pourvoir à leur remplacement.
Dans l'attente, recevez, Monsieur le Maire, l'expression de nos sentiments distingués,
Paul Euzière,
Président du groupe des élus "Grasse à Tous-Ensemble et Autrement"
Grasse, le 27 juin 2019,
Une double responsabilité écrasante
Un effet pervers des discours ultra-simplifiés des médias - et par effet de rebond des agences météorologiques - sur le changement climatique est que l'amalgame "températures estivales plus chaudes = émissions de CO2" masque une autre composante du réchauffement d'origine anthropique : la multiplication des îlots de chaleur résultant de l'urbanisation intensive, assortie de l'artificialisation des sols.
Or en été et particulièrement en cette période de canicule, les records de chaleur sont avant tout imputables à cette seconde cause - les experts du GIEC sont les premiers à prendre leurs distances sur l'amalgame pointé plus haut: non un réchauffement global actuel de 0.6 C acté par les agences n'a pas de lien direct avec des températures maximales bondissant dans nos villes de 35 C à 45 C en quelques dizaines d'années, cela y contribue mais ce n'est pas la cause première. En France tout particulièrement le passage d'un urbanisme règlementé aux PLU a permis ces dernières décennies à de trop nombreuses municipalités de lâcher la bride aux bétonneurs. Avec d'un point de vue environnemental deux conséquences : l'accentuation de l'effet îlot de chaleur résultant de la densification et la massification des tissus urbains, et l'augmentation de la température moyenne de l'atmosphère résultant de la diminution de l'albedo des sols - par l'asphalte, les calendrites et le béton principalement.
Un exemple peu connu du grand public est qu'en 2003, toutes les études ont démontré que les victimes de la canicules ont été principalement enregistrées dans les secteurs où ces deux effets sont prépondérents. Au final la grande leçon de cet épisode dramatique doit être tirée des articles scientifiques des climatologues, lesquels pointent du doigt le fait que Paris - dont l'urbanisme présente une artificialisation et une densification records - détient désormais le record mondial de l'effet îlot de chaleur.
Les conséquences dramatiques de cette ignorance des faits sont aggravées dans notre pays par le fait que Paris et l'Île de France constituent bien un modèle d'urbanisme et de développement pour toutes les collectivités locales, et ceci est particulièrement vrai pour des municipalités comme la nôtre ou celles des villes de la côte : "bétonnez, multipliez les parkings en surface, grignotez toujours plus les espaces verts...". Il n'y a qu'à déambuler à Nice ou dans le centre de Grasse pour comprendre que les notions "d'architecture urbaine" et de "ville verte" échappent totalement à nos décideurs politiques locaux.
Il est donc faux de dire que ces températures records ne sont que le fait des émissions mondiales de CO2. Elles sont avant tout la conséquence de dérives et d'incurie en matière de politiques d'urbanisme, de normes de construction, et de politiques environnementales, et ce particulièrement dans notre pays. Un effet pervers - ou un but ? - de ce discours "vert" mais soigneusement dévoyé consistant à tout mettre sur le dos des émissions de CO2 est bien de dédouanner les municipalités de leurs politiques catastrophiques en matière d'urbanisation.
Car aujourd'hui les enfants malades de la chaleur dans les écoles, et demain les personnes âgées qui vont se sentir mal ou même décéder dans leurs appartements ou les EPHAD sont bien avant tout les victimes de ces politiques publiques aberrantes. La responsabilité des collectivités locales - précisément à Grasse - envers tout celà est donc double : oui, les écoles et les maisons de retraite sont mal protégées contre la canicule à cause de l'incurie en matière d'entretien des bâtiments publics, mais il faut surtout comprendre que ces températures anormales résultent très directement de l'imprévoyance et l'incompétence en matière d'urbanisation.