Parfois vivre sa ville peut se résumer en deux mots. A Grasse, en ce qui concerne le décorum, nul problème. Le luxe frappe l’œil, par l’ostentation des jardins marmoréens, le jeu des palmiers, le choc des pavés. En revanche, pour ce qui est de la vie quotidienne, le ressenti s’avère plus nuancé. Mieux vaut en effet dans cette cité ne pas connaître de décès suivi d’une crémation. On découvre alors que rien n’est prévu, le vide éprouvé personnellement se trouve relayé par le vide d’une incurie.
De nouvelles lois ont été votées, interdisant aux particuliers la dispersion des cendres. Toute ville se doit donc d’avoir un columbarium. Les entreprises de pompes funèbres se trouvent dans l’obligation d’y déposer les urnes funéraires.
On dit bien « une loi » ; jusqu’à plus ample informé « les lois » sont adoptées par le Parlement et le Sénat…Quand une cité est doté d’un maire sénateur, on pourrait se croire en droit d’espérer une anticipation…
Apparemment, le mot « anticiper » n’a pas trouvé place dans le vocabulaire de notre sénateur-maire.
Le dernier moment, l’instant où la loi a été promulguée, a donc été attendu pour envisager un columbarium. Pour peu que suivent les problèmes désormais classiques de budgétisation, et les retards s’accumulent. On promet aux proches des défunts et défuntes que tout sera prêt en mars…en mai…fais ce qui te plaît et attends toujours.
Et dans l’attente que deviennent les cendres ? Elles sont réunies dans un caveau sinistre (doté d’un verrou tout de même !). Nulle possibilité de plaque, aucun bouquet possible pour un éventuel recueillement. Nous voici dans la compilation collective, l’accumulation collectiviste.
Ce papier ne se veut pas polémique, il souhaite simplement exprimer une douleur éprouvée face à une incurie municipale. Il n’est écrit que dans l’espoir de faire avancer les nécessaires actions. Et pour porter sur la place publique un réel problème : si les touristes ont besoin de décorum, il n’en faut pas oublier pour autant que des êtres vivent aussi dans cette cité, et y meurent donc
S’occuper du quotidien des citoyens devrait normalement primer sur les habits d’apparat, même en ces temps d’apparences et d’illusions.
Yves Ughes
Pour Grasse à tous.
bouleversée par votre message et de tout coeur avec vous, nos maudits (mots dits) mots ne seront jamais réduits en tas de cendres ou volatilisés en fumée ; en espérant que tout soit fait au plus vite, je vous souhaite du courage.