La colère a explosé mercredi 29 octobre devant le dépôt Moventis de Grasse. Plusieurs dizaines de salariés en grève ont dénoncé un "climat de peur" et la menace de licenciement qui pèse sur deux élus du personnel, délégués syndicaux, Ahmed Zioud et Tarek Laamouri.
"Ce n'est pas une grève de confort, c'est une grève de survie", a expliqué Ahmed Zioud .
Les salariés dénoncent un management brutal, des bus dont "l’huile fuit" et un dialogue social rompu.
L'entreprise atteint un pic d'absentéisme record de 30%, symptôme révélateur d’un grave malaise social.
Face à cette dégradation, la direction reste sourde aux alertes, multipliant au contraire pressions et intimidations.
La grève devient l'ultime recours pour des salariés poussés à bout, déterminés à défendre leur dignité contre une entreprise qui préfère sanctionner que dialoguer.
Il est urgent de sortir d’une impasse qui pénalise les chauffeurs mais aussi l’ensemble des usagers des transports « Sillages » dans le Pays grassois.
Paul Euzière s’est adressé le 31 octobre à Jérôme Viaud pour réclamer une table-ronde :
Monsieur le Président,
Depuis plusieurs mois, la situation sociale au sein de Moventis, délégataire du réseau de transports du Pays de Grasse, s’est gravement détériorée.
Les menaces de licenciement visant deux représentants syndicaux de la CGT, élus représentants du personnel, les arrêts de travail qui se multiplient et le climat de méfiance entre la direction et les salariés, traduisent un dialogue social à l’arrêt, au détriment du service de transports publics et des usagers qui est de la responsabilité de l’Agglomération.
À plusieurs reprises depuis 2022 et l’attribution de la Délégation de Service Public à la société catalane Marfina-Moventis, j’ai proposé au nom des élus « Grasse à Tous » en conseil communautaire, la tenue d’une table ronde réunissant toutes les parties concernées : représentants du personnel, direction de l’entreprise, responsables de la CAPG et élus communautaires de toutes sensibilités.
Cette proposition simple et de bon sens visait à rétablir la parole, à désamorcer tout conflit, et à replacer l’intérêt collectif au-dessus des postures.
Aujourd’hui, force est de constater que cette proposition est restée sans suite, tandis que la situation s’est détériorée et s’est enlisée dans des tensions qui auraient pu être évitées.
Pourtant, l’Agglomération -autorité organisatrice du transport public - ne peut rester en retrait.
Elle a le devoir de garantir non seulement la continuité du service, mais aussi le respect des femmes et des hommes qui le font vivre au quotidien.
C’est l’intérêt de tous : salariés, usagers du service public, élus et entreprise.
Aussi, Monsieur le Président, je vous demande solennellement de prendre l’initiative d’une rencontre ouverte et transparente, où chacun puisse exposer ses points de vue, dans un esprit d’écoute et de responsabilité.
On n’avancera pas à coups de pressions, plaintes, procédures disciplinaires, tensions et grèves, mais dans la recherche des causes réelles de la dégradation du climat social à Marfina-Moventis Grasse.
C’est à ce prix seulement que nous pourrons contribuer à faire renaître la confiance, condition indispensable à la qualité du service public et à la sérénité sociale sur notre territoire.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération citoyenne et républicaine.
Paul Euzière
Président des élus "Grasse à Tous"
