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 à la rue avec trois enfants, à Grasse

Nathalie témoigne anonymement pour ses enfants, pour qu’ils oublient cette descente en enfer

Note : 2.9/5 (24 notes)

  • karine
  • Vendredi 08/02/2008
  • 14:19
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« Je suis née dans la région, j’ai un mari qui a toujours travaillé, une famille aimante, trois enfants.
Nous avons toujours honoré nos loyers régulièrement.

Il y a quelques années, mon mari et moi, nous avons eu des problèmes de voisinages, malheureusement, nous n’avions pas les moyens de nous défendre et le tribunal a ordonné notre expulsion. C’était la fin de l’hiver, j’attendais mon troisième enfant. Deux jours après cette expulsion, sous le choc, j’accouchais de mon dernier enfant prématurément.

 

Nous avons alors fait un dossier à la préfecture pour un logement d’urgence (nous avons eu un avis de réception et jamais plus de nouvelle) et nous avons demandé un logement social, mon époux faisant parti du personnel titulaire de la mairie grassoise, nous pensions trouver rapidement : nous n'avons jamais eu aucune proposition ! Seule, la directrice de l'école de mes enfants, estomaquée, nous a proposé de dormir à l'école.

 

Notre bébé demandant beaucoup de soin, la famille nous a hébergés 3 mois, puis des amis 15 jours (ils ont 3 enfants pour trois pièces). Ensuite, nous avons dû dormir dans la voiture, tous les cinq. Mon mari travaillait toujours. Nous sommes allés voir l’assistante sociale qui nous a dit qu’elle ne pouvait rien faire pour nous, à part nous offrir 15 jours d’hôtel et que, sans adresse, on allait nous retirer la garde des enfants.

Désespérés, nous avons fini par trouver une location, trois pièces pour 900 € par mois. Mais nous ne pouvions pas avancer les trois mois de loyers demandés. Ma grand-mère, qui vit en HLM, a payé la caution in extremis, et elle s’est portée caution avec un ami.

Pour ce loyer, nous avons 200 € d’aides de la CAF chaque mois, la superficie est juste suffisante pour y avoir droit, si c’était plus petit, nous n’aurions pas cette aide.

Mes enfants ont été traumatisés par cette expérience et en gardent des séquelles : lorsque nous avons enfin retrouvé un toit après plusieurs mois de cauchemars, mon deuxième enfant s’est jeté par terre, bras ouvert, en pleurant « c’est enfin chez moi ! ».

 

Mon mari travaille, je travaille également à mi-temps, mais nous bataillons tous les mois pour subvenir aux besoins de notre famille. Nos enfants n’ont pas de loisirs, car c’est trop cher à Grasse. Sans le découvert autorisé à la banque, qui s’enrichit grâce à nous, nous ne pourrions pas nous nourrir à la fin du mois. Nous avons dû faire des crédits à la consommation pour les choses de la vie courante (les vêtements, chaussures, un frigo…) »

 

 

Ce témoignage émouvant nous impose l’obligation de voter, pour forcer les élus aux 20 % de logement sociaux, c’est la loi, et les villes qui ne l’appliquent pas payent l’amende de 152.45 Euros par logement manquant, il manque plus de 1 300 logements sociaux à Grasse, autant de familles dont le droit au logement décent n’est pas respecté.

La mairie a le devoir de solliciter les organismes pour la création de logements sociaux, de proposer des terrains, cela ne coûte rien à la ville, car c’est entre autre l’OPHLM qui investit l’argent nécessaire à la construction (ensuite remboursé par les loyers, dont un pourcentage est aussi utilisé pour l'entretien, la rénovation des immeubles...d'après la loi).

Alors pourquoi n’y a-t-il que 13% de logements sociaux à Grasse ? (70 % des habitants de l’agglomération sont éligibles à une HLM). Cette pénurie reflète la réticence de certains élus associant logements sociaux et concentration de populations à faibles revenus et parfois en détresse sociale, ils redoutent une dégradation de l’image de leur commune. Donc, l’image de Grasse prime sur les familles, les petits-enfants, qu'on laisse à la rue ou au « marchands de sommeil » et spéculateurs. Quelle image pour Grasse ? Des victimes transformées en coupables.

D'après l'Observatoire des inégalités : http://www.inegalites.fr/spip.php?article508&id_mot=95
"Selon les calculs effectués par la Fondation Abbé Pierre , le taux d’effort des ménages, c’est-à-dire leurs dépenses de logement nettes d’allocations rapportées aux revenus, se situe désormais autour de 50% dans le parc privé, contre 28% dans le parc social, pour des revenus équivalents à un Smic pour un célibataire et 1,5 Smic pour un couple avec deux enfants. La France ne construit toujours pas assez de logements, en particulier dans le secteur social, et la demande ne fait que s’accroître. 1,3 million de dossiers sont en attente."

Mettons en place des élus qui sauront faire respecter la loi des 20 % de logements sociaux ! Car chacun a le droit de se loger dignement, c’est un droit fondamental.


Pour en savoir plus sur le bilan de la loi Solidarité et renouvellement urbain : 
http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/logement-social/index/
http://www.fondation-abbe-pierre.fr/
"En comptabilisant tous ceux qui trouvent un logement et les candidats au parc HLM qui n’y accèdent pas, ce sont au minimum 4 millions de ménages qui cherchent chaque année un logement.
Étant donné l’insuffisance de l’offre par rapport à la demande, les candidats à la location, surtout s’ils disposent de ressources modestes ou précaires, vivent la recherche d’un logement comme un véritable parcours du combattant et parfois même comme la première étape d’une désescalade sociale."
http://www.latribune.fr/info/Menace-sur-le-financement-du-logement-social-~-ID5253B202238557C7C12573D0004A631A
http://tf1.lci.fr/infos/economie/social/0,,3711988,00-logement-social-villes-pointees-doigt-.html
http://www.liberation.fr/actualite/societe/309957.FR.php
"Parmi les réfractaires, la région Île-de-France, mais aussi PACA, sont largement sur-représentées. "
"un certain nombre de communes remplissent leurs objectifs mais en y intégrant de très nombreux PLS (Prêt Locatif Social). Il s’agit de logements intermédiaires à des prix proches de ceux du marché...un détournement de l’esprit de la loi qui vise à accroître le parc de logements accessibles...le délégué général de la Fondation Patrick Doutreligne a regretté que seuls 140 "constats de carence" aient été dressés, et a dénoncé "le laxisme" de l'Etat...La Fondation a demandé que soient systématiquement établis des constats de carence pour les communes récalcitrantes, et que le montant des amendes soit triplé. Elle voudrait aussi que soit donnée aux préfets la capacité d'accorder les permis de construire à la place des maires défaillants."
http://www.fondation-abbe-pierre.fr/_visuels_communiques/congres_hlm_07.pdf


"La Fondation Abbé Pierre ne cesse d’attirer l’attention depuis plusieurs années : l’inflation préoccupante des financements accordés au logement intermédiaire (PLS), au détriment de la production de logements vraiment sociaux (PLUS et PLAI)...
Cette réorientation de la production permet aux pouvoirs publics, qu’ils soient locaux ou nationaux, de comptabiliser le logement intermédiaire dans les chiffres officiels du logement social, ce qui entraîne un effet d’affichage à bilan positif, notamment au regard de l’article 55 de la loi SRU. Ils s’affranchissent ainsi à bon compte de l’investissement financier plus élevé que représenterait pour eux le soutien à la construction vraiment sociale, le PLS n’étant pratiquement pas subventionné, contrairement au PLUS ou au PLAI.
Pourtant, la grande majorité des ménages en attente d’un logement accessible ne peut prétendre accéder au PLS, compte tenu du coût des logements (« loyer + charges » de 390 euros pour un T1 de 36 m2 ou de 730 euros pour un T4 de 76 m2). Rappelons en effet que 50 % des ménages disposent de ressources inférieures à 2 000 euros mensuels.On peut donc légitimement s’indigner du fait que les choix budgétaires dont bénéficie le logement intermédiaire sont autant de moyens financiers et d’emprises foncières soustraites au développement d’un parc correspondant vraiment à la demande du plus grand nombre. Dès lors, pour apprécier la portée réelle de la relance globale de la construction, il est essentiel de se poser trois questions : que construit-on, où construit-on et à quel type de besoin répond l’offre nouvelle ?

Commentaires

Mais que fait le Maire?

Combien de familles gassoises se retrouvent dans cette détresse sociale! pas de logement ou un loyer exhorbitant, obligés de vivre dans une voiture avec 3 enfants, des menaces "on va vous retirer vos enfants", quelles séquelles psychologiques pour les enfants?

De combien a augmenté le parc de logements sociaux en 13 ans? une misère...De combien a augmenté le parc de logements privés? il n'y a qu'à compter les immeubles qui ont poussé comme des champignons partout dans Grasse

Comment JP Leleux peut-il être fier du bilan de ses deux mandats?

Faisons confiance à "Grasse à tous"

Bon courage Nathalie et si vous avez besoin d'aide...

Delphine

 

 

Re: Mais que fait le Maire?

Cette situation est un vrai SCANDALE ! 

Mais comment peut-on faire trois enfants alors que nous avons peu de moyen financière?

 

 

Re: Mais que fait le Maire?

Mais à partir de quels revenus a-t-on donc le "droit" de faire des enfants??