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 UN PATRIMOINE LOCAL IGNORE: LES CANAUX SOUTERRAINS DE HUGUES AÎNE

par Bastien Botazzi

Note : 2.9/5 (9 notes)

 



Inscription derrière l'ancien Palais de Justice de Grasse


Jean Joseph HUGUES, dit HUGUES Ainé ou « Hugues-Tunnel » est la troisième génération de parfumeur de sa famille.

Né en 1830 à Grasse, c’est en respectant l’œuvre de ses pères qu’il a permis tant à son entreprise qu’à la parfumerie en général de se développer avec l’invention ou plutôt l’amélioration du système de distillation par la vapeur.

Ancien ébéniste, son grand-père avait acheté un 1/4 de l’ancien hôpital St Jacques (ancienne rue du Cours, actuelle rue Ossola) à la fin de l’année 1799. Son aïeul ainsi que son père avait commencé à agrandir l’usine en rachetant des parts de l’ancien hôpital ainsi que des lots de l’ancien couvent des Dominicains situé juste en face dans la rue.

Lui-même mènera cette politique d'extension jusqu’à posséder les 3/4 de l’ancien Hôtel-Dieu.

Il construira de nombreuses galeries et canaux pour son usage professionnel, il a failli racheter la source du Foulon, la ville de Grasse mettant du temps à se décider et Cannes la voulant pour elle-même, et il avait également prévu un autre canal venant de la vallée du Loup.

Pour ses besoins ainsi que pour les besoins de sa villa du quartier du Berouard, il rachètera à sa belle-mère, et accessoirement à sa tante, les droits d’eau de sa propriété du quartier St Christophe qu’il mènera, près de 2,5km plus loin jusqu’au château d’eau situé au-dessus de l’ancien Palais de Justice.

C’est sous ce château d’eau que se situent des galeries-citerne, contenant encore aujourd’hui près de 100 000 Litres d’eau qui était destinés à la fois à la consommation des logements desservis (une douzaine de concessions seront revendues tout au long du parcours), à la force motrice (pour faire bouger les roues de la fabrique) et à la distillation.

Ces galeries sont aujourd’hui propriété privée et aurait pu être mises à mal par le projet du campus dans l’ancien Palais de Justice avec des clous venant mordre dans le terrain attenant. C’est pourquoi l’une des copropriétaires avait alors fait un recours.

Ce patrimoine grassois est toujours en péril.

Bastien Botazzi

 Voir la vidéo: www.youtube.com/watch

 

 

 





Commentaires

 Une bonne utilisation de l'argent qui coulait à flots.dans la famille Hugues..un ouvrage digne des pharaons....fabuleux..mais les anciens l'ont construit ..à sec  ?  Pas de combinaison à l'époque...ce dépôt se calcite risque d'endommager de labyrinthe  à très long terme..l'eau est...propre...pas d'infiltration d'eau polluée il me semble...intéressant de voir jusqu'où l'homme peut progresser....no limit...cette eau s'écoule ou.? Elle ne peut être stockee...ainsi...sans s'écouler.. bref bp d'interrogations...

 

 

découverte

 Incroyable ! merci de nous présenter ça, la video est très réussie, je n'avais jamais entendu parler de cet ouvrage ...

 

 

Re: Hugues ainé

Bonjour, pour répondre :
La famille HUGUES s'était effectivement embourgeoisée (au sens de l'époque) mais restait profondément des artisants, le premier parfumeur était encore noté (et ce, pendant de nombreuses années encore) menuisier, et c'est pour cette activité qu'il achète le 3e lot de l'ancien hôpital st Jacques. L'eau coulait plus que l'argent, rapporté aux familles les plus influentes comme celles des Chiris et des Roure finalement. Sous la Dynastie des HUGUES (ainé parce que le 2e était le fils ainé et que ces autres frères ouvrirent également une fabrique de parfumerie qui sera reprise par les RANCE et donc LAUTIER) on parle de FABRIQUE et non encore d'usine, c'est une période de transition entre l'artisanat qui se déroulait dans les caves du centre-ville et l'industrie chimique qui se déplaça petit à petit dans le vallon jusqu'au Plan.

Les constructions se faisaient à la barre à mine et à la dynamite à travers les différentes couches de roche jusqu'à trouver la veine d'eau recherchée. Le savoir des anciens a été partiellement perdu il est vrai.Non pas de combinaison à l'époque, mais ils ne devaient pas souvent s'y aventurer une fois la citerne mise en eau, et certainement pas 2h comme nous pour réaliser cette vidéo.

La calcite est inhérente à l'eau grassoise (issue des karsts) et on ne peut rien y faire. Il faudrait un entretient très coûteux pour une utilisation très limitée. Les dangers viennent surtout des travaux autours, comme ça a été le cas pour le campus (ancien Palais de justice) où une des copropriétaires a du faire un recours qui même s'il a fini pas être rejeté (soit-disant "pas d'intérêt à agir") a obligé la mairie et les entreprises a réaliser quelques changements de structure afin de s'éloigner du tunnel (l'eau y est cependant assez trouble depuis). D'autres travaux a proximité pourrait contribuer à l'affaissement des voutes et la disparition de ce patrimoine (sans oser parler des blessés potentiels ou pire). Il faudrait être attentif pour l'extension du fameux campus (apparement pas de travaux lourd pour l'instant). À savoir que la prison s'est écroulée 2 fois durant sa construction ainsi que le bâtiment de Fénelon situé au-dessus, à cause de la nature des terrains et de pluies torrentielles à l'époque.

L'eau semble saine, pas de traitement ni d'analyses cependant, elle sert uniquement à l'arrosage du jardin de la copropriété qui la possède.
Les seules sources de pollution pour l'instant sont celles que nous pouvons y apporter en nous y introduisant.
L'eau est donc stockée sous terre, à l'abri (environ 100 000 litres df'après les papiers d'époque) et distribuée par des tuyaux jusqu'au fameux jardin.

Tout ceci est privé, mais fait partie intégrante du patrimoine de notre cité.
A la grande époque, plusieurs dizaines de concessionnaires, ainsi et surtout que l'usine HUGUES AINÉ étaient desservis par la canalisation.

 

 

Re: découverte

Et pour cause, il est privé. Même si en danger à cause de ce qui peut se passer autour.
La légende voudrait que Jean Joseph HUGUES passait par ses tunnels pour joindre son habitation à son usine. Le portrait de lui présent au MIP tend à prouver le contraire. Il s'agissait d'un bon bourgeois (sens de l'époque) de sa ville, et comme aujourd'hui, le paraître avait toute son importance. Il ne se baladait certainement pas dans des tunnels humides et plein de toiles d'araignées pour se rendre au travail.
 Il mériterait d'être classé et entretenu il est vrai, de même que l'usine.