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 UN TOIT POUR TOUS

LA CONSTRUCTION LOCATIVE

Note : 3.3/5 (36 notes)

  • JY MURA
  • Mercredi 05/03/2008
  • 22:16
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La politique grassoise du logement ne répond que très partiellement aux besoins sociaux. Les logements sont le plus souvent inaccessibles aux plus modestes. Les produits les plus chers sont privilégiés.

Il suffit pour cela de reprendre les propos tenus samedi sur le thème du logement  par le Maire sortant Jean-Pierre LELEUX, lors de l’émission de FR3. Je cite : « 70 % des habitants de grasse sont éligibles au logement social ; il faut 4 SMIC pour un F3 et 7 SMIC pour un F5 ».

Quand on sait que le SMIC est à 1005,37 € nets, il faut donc gagner 4021,48 € nets/mois pour un F3  ou 7037,59 € nets/mois  pour un F5 !

Monsieur le Maire sortant n’a fait qu’indiquer le prix du marché immobilier privé actuel, mais certainement pas celui du logement social. Cela n’est pas surprenant !

Le « logement social » à la mode de Monsieur le Maire c’est un loyer de 900 € pour un 3 pièces, ou bien en accession de 3000 € à 4500 € le m² habitable !

 

1 - Que doit-on entendre par logement social ?

Aujourd’hui, le logement social, n’est plus celui des années 60, il a évolué. Les normes sont drastiques (HQE : Haute Qualité Environnementale). Elles prennent en compte les progrès techniques réalisés (isolation phonique et thermique …), ou bien de protection de l’environnement (cellules photovoltaïques, ou panneaux solaires …).

Le logement social est devenu le symbole des progrès modernes en matière d’habitat. Ce bien-être doit être accessible à tous, que ce soit de la rénovation, de la réhabilitation ou bien de la construction neuve.

La municipalité doit déterminer un cadre précis aux constructeurs en fonction des besoins de la population. Elle indique la marche à suivre au travers du PLU (Plan local d’Urbanisme) et du PLH (PLAN Local de l’Habitat).

Malheureusement, nous constatons qu’à Grasse, les réalisations ne sont réservées à une seule catégorie de personnes. Nous sommes très loin de la mixité sociale définie par la Loi.

Comment doit être déclinée une politique de mixité sociale qui garantisse un logement pour tous ?

2 - La réhabilitation ou  la construction neuve locative

A – Quels types de constructions ?

Les opérations sont fonction des revenus des futurs locataires (voir tableau ci-après) : Le PLAI, le PLUS, le PLS et le PLI*

Catégorie de ménages (revenus mensuels)

PLAI

PLUS

PLUS

PLI*

 

Prêt Locatif Aidé d’Intégration

Prêt Locatif à Usage Social

Prêt Locatif Social

Prêt Locatif Intermédiaire

1 personne seule

938 €

1700 €

2200 €

2730 €

2 personnes

1367 €

2200 €

2960 €

3700 €

3 personnes

1640 €

2740 €

3560 €

4700 €

4 personnes

1829 €

3300 €

4300 €

5300 €

5 personnes

2140 €

3890 €

5060 €

6226 €

* le PLI est hors loi SRU

En partant des exigences exprimées par la Municipalité, ces éléments détermineront le nombre et le type d’appartements que le constructeur réalisera. Tout le montage financier de l’opération en dépendra.

B – Les principes du montage financier d’une opération locative

a - Les subventions

En plus de ses fonds propres, le constructeur bénéficie de subvention de l’Etat, de la Région, du Conseil Général, de la Communauté d’Agglomération, et de le Ville, qui deviennent alors investisseurs.

En contrepartie de ces subventions, l’Etat, le Conseil Général et la Ville, réservent un quota d’appartements et un tableau de répartition des appartements est alors établi.

b - Les prêts de la Caisse des Dépôts et Consignations

Les sommes qui sont prêtées par cet organisme pour le logement social, proviennent de la collecte du Livret A.

Il faut savoir que les taux d’intérêts des prêts consentis par la Caisse des Dépôts et Consignations aux constructeurs de logements sociaux sont indexés sur le taux du Livret A. Lorsque le taux d’intérêt du Livret A augmente, le taux d’intérêt des prêts à la construction sociale augmente lui aussi. Or Matignon a porté le taux du Livret A de 3 % à 3,5 % au 1er février 2008 ! Pour le logement social, cette hausse d'un demi-point n'est pas une bonne nouvelle…

Catégorie de Prêts

Objet du Prêt

Emprunteurs

Taux d’intérêt

Aides spécifiques

 

PLAI

 

Prêt Locatif Aidé d’Intégration

 

Achat de terrains et construction de logements neufs, acquisition de logements anciens et travaux d’amélioration, réalisation de résidences sociales

-Organisme HLM

-Sociétés d’économie mixte (SEM)

-Collectivités locales

3,80 %

révisable

Durée

Foncier : 50 ans max

Travaux : 40 ans max

Garantie

Mairie, ou fonds de garantie du logement locatif social ( CGLLS)

- attribution de subvention de l’Etat

-taux de TVA réduit

-conventionnement des logements : APL

Loi SRU

 

PLUS

 

Prêt Locatif à Usage Social

Achat de terrains et construction de logements sociaux, acquisition de logements anciens et travaux d’amélioration, réalisation de logements sociaux à la suite d’une démolition

-Organisme HLM

- Sociétés d’économie mixte (SEM)

-Collectivités locales

4.30 %

révisable

Durée

Foncier : 50 ans max

Travaux : 40 ans max

Garantie : Mairie, ou fonds de garantie du logement locatif social ( CGLLS)

- attribution de subvention de l’Etat

-taux de TVA réduit

-conventionnement des logements : APL

Loi SRU

 

PLS

 

Prêt Locatif Social

Achat de terrains et construction de logements neufs, transformation de locaux divers avec ou sans acquisition en logements locatifs, réalisation de logements-foyers pour personnes âgées ou handicapées

-Organisme HLM

- Sociétés d’économie mixte (SEM)

4.63 %

révisable

Durée

Foncier : 50 ans max

Travaux : 30 ans max

Garantie : Mairie, cautionnement bancaire ou hypothèque

-Conventionnement APL,

-Taux réduit de TVA

-Exonération de la taxe sur le foncier bâti (25 ans)

Loi SRU

 

PLI

 

Prêt Locatif Intermédiaire

Achat de terrains, et construction de logements neufs, acquisition de logements avec ou sans travaux, transformation de locaux divers, avec ou sans acquisition en logements locatifs

-Organisme HLM

- Sociétés d’économie mixte (SEM)

4,89 %

révisable

Durée

Foncier : 50 ans max

Travaux : 30 ans max

Garantie : Mairie, cautionnement bancaire ou hypothèque

NB : Les logements sont destinés aux ménages dont les ressources peuvent atteindre 1,4 à 1,8 fois les plafonds du PLUS

Hors loi SRU

 

Pour ces emprunts la garantie de la Mairie est le plus généralement sollicitée. La demande doit être présentée au Conseil Municipal pour approbation.

c – Les fonds propres des constructeurs

En moyenne, sur la Région PACA, le constructeur finance 15 000 € à 20 000 € par logement.

d – Le 1% patronal

Les entreprises de plus de 20 salariés doivent verser leur Participation à l'Effort de Construction, également dénommée 1 % Logement.

Ces sommes sont gérées par des Organismes Collecteurs, qui en contrepartie de réservations, financent les programmes de logements sociaux en PLAI et en PLUS.

A titre d’exemple le LOGIAM (Logement Interprofessionnel des Alpes-Maritimes) en 2006, 7,6 millions d’€ ont été investis dans les programmes immobiliers sociaux.

C – Les loyers appliqués

Dans le secteur social les loyers sont réglementés (voir tableau ci-dessous en €/m²)

Type d’appartement construit ou réhabilité

Zone II (Alpes-Maritimes)

PLAI

Prêt Locatif Aidé d’Intégration

4,46 €/m²

 

PLUS

Prêt Locatif à Usage Social

5,03 €/m²

PLS

Prêt Locatif Social

7,54 €/m²

 

                              

Les augmentations votées pour 2007 sont, pour 66,9% (62,4 % en 2006) d'entre elles, supérieures au 1,80% d'augmentation recommandée par le ministre de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement. La majorité des organismes (64,3%) augmente les loyers entre 1,90% et 3%. La moyenne des hausses de loyer relevées est de 2,04%.

Le loyer est révisé chaque année au 1er juillet dans les conditions fixées par décret

Le système actuel est insatisfaisant et inefficace, il est donc urgent que les pouvoirs publics adoptent un véritable mécanisme de régulation des augmentations de loyer, votées pour les HLM, avec de réelles sanctions et une réévaluation significative les aides au logement.

D – Les charges locatives

Depuis de nombreuses années, il est démontré, chiffres et bilans à l’appui, qu’un euro investi dans la maîtrise de l’énergie conduit à une économie de charges de deux euros.

C’est dans ce contexte qu’il faut viser la norme HQE (Haute Qualité Environnementale) choisie, non pas uniquement, pour son obligation légale, mais pour des raisons évidentes d’économies.

Les économies budgétaire portent sur : la pollution diminuée, la diminution de la consommation des énergies non renouvelables, le recyclage accru, la souplesse de conversion à d’autres usages, de plus les coûts d’exploitation sont réduits, faibles impacts sanitaires (maladies, troubles divers) ou sociaux, etc. C’est aussi une réponse à une demande sociale qui évolue.

E – Le choix du maître d’œuvre et des entreprises

La Municipalité se doit d’être à l’origine de l’élaboration du programme de construction, elle veille à l’adéquation entre les besoins et le nombre, le type de logements prévus, le maire est invité à présider la commission d’appels d’offres, garant d’un coût des travaux maîtrisés.

F – L’établissement du bilan financier de l’opération

Après avoir déterminé les différents points précédents, un bilan financier prévisionnel de l’opération est établi. Ce document est à fournir à tous les organismes institutionnels sollicités.

Il doit démontrer que l’opération est financièrement équilibrée. Il comprend un bilan de trésorerie annuel, un bilan de trésorerie cumulé sur 35 ans, ainsi que des hypothèses d’exploitation qui tiennent compte de l’évolution des loyers et des charges …

Une opération de logements locatifs sociaux en PLAI et en PLUS est amortie en 35 à 50 ans. C’est une raison supplémentaire pour certains constructeurs qui privilégient le PLS dont l’amortissement est compris entre 25 et 30 ans.

Dernier élément de réflexion pour Grasse, l’enveloppe budgétaire PLS au 31 décembre 2007 tenue par la DDE 06 (Direction Départementale de l’Equipement) était épuisée ! Par contre il  restait du PLAI et du PLUS (pour les bas et très bas revenus, RMI, personne seule…) ! Et on construit des PLS sur Grasse, cherchez l’erreur !

En conclusion, les 13,45 % de logements sociaux à Grasse sont l’arbre qui cache la forêt. Si Grasse apparaît comme le « bon élève » du département c’est en raison d’un nombre de logements en PLS importants.

La mixité sociale ce n’est pas cela. C’est construire avant tout pour tous les revenus.  

Alors que des familles n’ont pas de toit à Grasse (1300 familles sont en attente de logement social), Mr Leleux, veut détruire pour 75 000 €, les immeubles de la Tourache : une centaine de logements sociaux, qui auraient juste besoins d’être rénovés, tout cela parce que cela ne fait pas « joli » pour les touristes…Il contourne sans vergogne la loi SRU, en ne créant pas concrètement de nouvelles places de logements sociaux, il déplace juste certains habitants de la Tourache qui paierons plus cher pour moins de place
Cette pénurie reflète la réticence de cet élu, associant logements sociaux et concentration de populations à faibles revenus et parfois en détresse sociale, il redoute une dégradation de l’image de notre commune. Si Grasse laisse toute une partie de la population de côté, où vont loger toutes ces familles ? Dans des bidonvilles ? C'est sûre que l'image touristique va être réhaussée...
Face au non-respect délibéré de la loi des 20% de logements sociaux, la fondation l'Abbé Pierre préconise que l'amende SRU soit triplée et que les préfets prennent les décisions à la place des maires défaillants...

 

 


Commentaires

Merci, Jean Yves ou Karine pour ce travail que je conserve.... Bonne lecture à 5 heures du mat  ....  Quant à la hausse du livret A, je n'ai rien contre même si c'est au détriment du logement social....ils auraient pu trouver un autre mode de financement plutôt que toujours taxer les plus pauvres (qui possède un livret A sinon les pauvres... ou les enfants dès leur naissance) ; faut davantage taxer les produits boursiers, les actionnaires etc....les machines, à l'achat ou par an, qui remplacent la main d'oeuvre  et on n'a plus à aider les gros patrons qui de toutes façons délocalisent....  Plus de cadeaux fiscaux...des millions d'euros .Par contre, je suis pour travailler plus, le partage du temps de travail étant une vaste utopie.....

 

 

Re:

Leleux se fout des logements sociaux, comme il se fout pas mal des pauvres !(pour ce qui est du "partage"et contrairement à Colette, je suis pour.
Que ce soit le partage du temps, du travail,  de l'information, du logement ou bien du temps de parole (!!!!) je ne pense pas que ce soit une réalité inaccessible mais une volonté de chacun pour faire et vivre ensemble de façon plus harmonieuse...

 

 

Re:

Colette,

L'ancien syndicaliste va vous réponde très sereinement que le passge au 35 heures à La Poste, déclinaison du partage du temps de travail, avait permis en 2000/2001, la création de 2500 emplois et le passage de CDD à CDI pour de nombreux postiers contractuels (il n'y a pas que des fonctionnaires chez nous) qui ont pu voir la vie autrement.
Moi je suis pour, car cela a été un moyen efficace de lutte contre le chômage. Et vous pouvez me faire confiance, je n'invente pas le chiffre indiqué plus haut.
Aujourd'hui, nos dirigeants voient les choses différemment. Je le déplore, car je pense que ce n'est pas rendre service à notre jeunesse que de la cantonner dans l'aléatoire et la précarité.

En ce qui concerne le livret A, là ce n'est pas le postier qui vous répond, mais quelqu'un qui travaille dans et pour le logement social et qui en connait les difficultés et les enjeux.

Je sais que nos concitoyens sont très attachés à la hausse du taux d'intérêt de leur livret A, au passage, surtout ceux dont les livrets sont au maximum ! Ils voient là un placement sans risque qui leur garantie un peu de pouvoir d'achat.

Le problème est que le relèvement du taux d'intérêt du LA a des répercussions sur le taux de remboursement des prêts que La Caisse des Dépôts et Consignations accorde aux organismes HLM pour financer leurs projets immobiliers. Les sommes collectées sur le Livret A sont indispensables pour la construction de logements sociaux,.
Les sociétés HLM dans les 50 dernières années ont pu construire grâce au Livert A, 4 millions de logements pour 10 millions de personnes. C'est aujourd'hui insuffisant et il nous faut continuer pour loger dignement nos concitoyens, et parmi eux ceux qui rencontrent le plus de difficultés. Nous avons plus d' 1 million de demandeurs de logements sociaux sur l'ensemble du territoire.

Si l'augmentation des taux d'intérêts des prêts de la CDC utilisés met en difficulté les Sociétés de production HLM et compromet la construction sociale, qui ira expliquer aux demandeurs pourquoi ils n'auront aucune chance d'avoir un appartement dans un délai raisonnable et en fonction de leurs revenus ?

Jean-Yves MURA






 

 

 

Re:

merci jean yves pour la longue réponse... mais ne pourrait-on pas trouver l'argent ailleurs???? quant aux 35 heures, quand on est artisan.....bon, vaste débat... et qu'il faut couler et terminer une dalle dans la journée tout seul..

 

 

le logement social : l'affaire de tous

En tout cas, c'est intolérable qu'en France en 2008, un pays "riche" ne soit pas capable de loger dignement des familles, des enfants.
Pour que cela devienne une réelle priorité pour les politiques, il faut d'abord que cela soit une priorité pour les électeurs, alors faisons nous entendre !